Thierry Frémaux: L’impact surprenant des films de 130 ans!

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Par : Julie Moreau

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120 chefs-d’œuvre cinématographiques des frères Lumière, pionniers lyonnais du cinéma, sont présentés dans le documentaire captivant « Lumière, l’aventure continue »

Thierry Frémaux nous gâte avec son documentaire Lumière, l’aventure continue. Cette compilation dynamique de plus d’une centaine de films restaurés nous invite à redécouvrir un patrimoine cinématographique exceptionnel.

En tant que délégué général du Festival de Cannes, directeur de l’Institut Lumière et du Festival Lumière à Lyon, Frémaux partage son enthousiasme pour l’œuvre de ces pionniers du cinéma. Les courts métrages de 50 secondes offrent une précieuse leçon d’histoire du cinéma et de l’histoire en général. Les frères Lumière nous transportent encore aujourd’hui, avec en prime, une reprise de La Sortie des usines Lumière par Francis Ford Coppola, le tout premier film jamais réalisé. Un véritable délice.

Pourquoi est-il essentiel de visionner les films des frères Lumière aujourd’hui ?

Ces films sont une fenêtre sur notre passé et ramènent à la vie des souvenirs oubliés. Ils ravivent notre amour pour le cinéma et nous apprennent à observer, à être des spectateurs engagés. Après tout, n’est-il pas stimulant de se laisser secouer par des œuvres datant de plus de 130 ans ?

Quelle est la singularité de ces films ?

Leur beauté est frappante : la puissance des cadrages, la texture du film, la représentation authentique du monde. Les Lumière étaient de véritables innovateurs, qui se sont rapidement posé des questions fondamentales sur l’usage de la caméra. Ces interrogations ne sont pas anodines. Après eux, le cinéma a évolué vers la magie et le théâtre, mais leur contribution reste d’une valeur inestimable, surtout à une époque où tant d’images semblent dénuées de sens.

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Comment avez-vous choisi les œuvres présentées ?

Je porte toujours avec moi une clé USB contenant toutes les productions Lumière ! Le processus de sélection est similaire à celui de Cannes : nous ne choisissons pas les films, ce sont eux qui se sélectionnent eux-mêmes. Certaines œuvres semblent littéralement demander à faire partie du projet. La première archive filmographique mondiale est préservée. Avec le soutien de la direction du patrimoine du CNC, nous nous sommes engagés à restaurer tous ces films, une mission que nous menons depuis Lyon, berceau de cette aventure cinématographique. Nous avons déjà redonné vie à 500 films, il en reste 1500 à restaurer, ce qui représente un coût considérable. Nous sommes constamment à la recherche de financements.

Quelles techniques avez-vous utilisées pour restaurer ces films ?

Après une première conservation en 1995 pour le centenaire, une nouvelle restauration s’imposait, utilisant des technologies numériques mais évitant l’intelligence artificielle. Par exemple, j’ai conservé une séquence sur Kyoto, fortement endommagée mais magnifique. L’émotion aurait-elle été la même si nous l’avions rendue « parfaite » ? Un internaute russe utilise l’IA pour coloriser et modifier ces films, ce qui soulève de sérieux problèmes éthiques. Pourquoi ne crée-t-il pas ses propres images au lieu de dénaturer celles des autres ?

Pourquoi refaire « La Sortie des usines Lumière » avec des cinéastes contemporains célèbres ?

Cela permet à des réalisateurs comme Tarantino, Scorsese, Almodovar et les Dardenne de marcher dans les pas des Lumière. Même Jane Fonda, Catherine Deneuve et Isabelle Huppert ont réalisé leur première œuvre dans la rue du Premier-Film ! C’est une manière de connecter le passé des Lumière avec le présent, et de redonner vie à cette rue mythique de Lyon.

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Le film a-t-il une visée éducative ?

Tous les films ont un objectif éducatif ! Comme le disait l’historien Jean Douchet, le cinéma est un moyen de comprendre le monde. Bien que je n’aie jamais rencontré de cow-boys ou d’Indiens, le cinéma me les a présentés. Il a tant à nous enseigner.

Est-ce bénéfique de se plonger dans les films patrimoniaux avant de se lancer dans l’aventure cannoise ?

Outre les œuvres des Lumière, je visionne constamment des films classiques. Le terme « classique » devrait être associé au cinéma, tout comme il l’est à la musique, à la littérature et à la peinture. Nous devons dépasser la simple dichotomie « c’est bon/c’est mauvais », « j’aime/j’aime pas ». Si une œuvre a traversé le temps, c’est qu’elle possède des qualités intrinsèques. Il est essentiel de considérer le cinéma contemporain en réfléchissant à ce que le réalisateur a voulu exprimer et comment il a choisi de le faire.

Êtes-vous optimiste quant à l’avenir du cinéma ?

Malgré le COVID et la domination des plateformes de streaming, on a prédit la disparition du cinéma. Toutefois, il reste protégé par les films, les artistes, les salles de cinéma et le public. En 2025, le nom des frères Lumière brillera encore sur les affiches et attirera les spectateurs dans les salles. Le titre du film, Lumière, l’aventure continue, pourrait tout aussi bien être Le cinéma, l’aventure continue.

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