Changement climatique: l’Europe doit choisir entre innovation et statu quo!

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Par : Pierre Dupont

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« Le pacte vert européen est un engagement que nous devons à nos enfants car la planète ne nous appartient pas. » Ces mots, prononcés peu avant Noël 2019, ont marqué le début de la présidence d’Ursula Von Der Leyen à la Commission européenne, mais semblent désormais appartenir à une ère révolue.

Six ans plus tard, après une pandémie de COVID-19 et une guerre toujours en cours en Europe, que reste-t-il du pacte vert européen ? Comment pouvons-nous réparer ce qui en subsiste ? Et pourquoi les électeurs européens ressentent-ils une « fatigue climatique » alors que le changement climatique s’accélère ? Ce sont là quelques-unes des questions qui seront abordées lors d’une prochaine conférence à Venise.

Agir pour garantir la viabilité de la planète pour nos enfants est sans aucun doute un impératif moral. Cependant, pour l’UE, cela nécessite au moins deux stratégies distinctes mais liées.

La première consiste à réduire les émissions de gaz à effet de serre en Europe. La seconde à convaincre le reste du monde d’agir sur les 94% des émissions de CO2 qui sont produites hors d’Europe.

L’histoire des dix dernières années montre un succès relatif sur le premier point, mais beaucoup moins sur le second. Cela pourrait expliquer pourquoi les électeurs européens se sentent frustrés : ils ont l’impression de faire leur part, mais se retrouvent confrontés à une crise principalement engendrée ailleurs.

Depuis l’accord de Paris, qui prévoyait des émissions nettes de CO2 nulles d’ici 2050, le monde a augmenté sa pollution de 10%. Pendant ce temps, l’UE a réduit les siennes de 13%. Cependant, l’Europe avait commencé à réduire ses émissions bien avant d’être liée par l’accord de Paris, avec une réduction de 20% entre 1990 et 2016.

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Cette avancée est en grande partie due à la faible croissance économique de l’Europe et à la pression exercée sur les industries européennes pour éviter les coûts des importations énergétiques. Selon un document récemment publié, l’UE a fait mieux que quiconque (si l’on considère les 25 dernières années) en augmentant le pourcentage de la consommation d’énergie provenant des renouvelables, même si elle est à la traîne par rapport à la Chine en matière d’électrification.

C’est un résultat fort, mais l’UE a manqué plusieurs tendances d’innovation importantes qui auraient aidé à la transition et remodelé son économie dans le processus. La Chine reste le plus grand pollueur mais domine certains segments de la chaîne d’approvisionnement des énergies renouvelables.

L’UE domine le classement en ce qui concerne la part de la consommation d’énergie provenant des renouvelables. Cependant, c’est la Chine qui domine la fourniture de panneaux solaires et d’éoliennes.

Leadership climatique

Plus préoccupant encore, l’UE a fait très peu pour influencer la rapidité avec laquelle le reste du monde traite les émissions. Elle aurait dû mieux exploiter ses succès en matière d’émissions comme un outil diplomatique pour inciter les autres à accélérer leur propre transition, mais elle continue de peiner à trouver sa place dans un monde en rapide évolution.

L’Europe s’est souvent alignée sur son plus grand allié, les États-Unis, comme dans les débats autour de la création du fonds destiné à compenser les pays en développement pour les « pertes et dommages » liés au changement climatique.

Avec les États-Unis se désengageant maintenant, l’Europe sera forcée de trouver de nouveaux partenaires lors de la prochaine COP – et il semble qu’elle n’ait pas encore pris la mesure de ce défi. Dans un exemple récent, Wopke Hoekstra, le commissaire européen au climat, a critiqué la Chine pour ne pas avoir fixé des objectifs climatiques suffisamment ambitieux alors que l’UE n’a pas non plus défini les siens.

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Le changement climatique ne divise pas le monde en bons et mauvais – il sépare les innovateurs des défenseurs du statu quo. Les décideurs de l’UE ont à tort considéré le changement climatique comme une simple facture à payer plutôt qu’une opportunité de changement. Ils se concentrent sur les réglementations que les entreprises et les citoyens doivent respecter plutôt que sur les investissements nécessaires pour créer des industries et technologies endogènes.

Cette approche s’est retournée contre eux. Les élections récentes semblent avoir pénalisé les partis verts et récompensé les sceptiques du climat. Cependant, la fatigue climatique européenne n’est pas tant un déni du changement climatique en lui-même qu’une remise en question de l’approche adoptée. C’est un point de départ pour le travail à venir. Mais l’Europe a besoin de nouvelles idées – et elles devront peut-être venir de l’extérieur de la bulle bruxelloise.

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